L’agence fait du réel son fer de lance et déploie une véritable expertise concernant l’analyse des sites. La ligne de conduite pour chaque projet privilégie la démarche pragmatique, le regard et l’analyse des pratiques en situation plutôt que des points de vue théoriques déjà constitués. C’est la multiplicité des détails, des anecdotes et des jeux d’échelle historiques qui font émerger ce que l’écrivain Michel Butor appelle « le génie du lieu » et que l’agence aime reprendre à son compte pour définir sa ligne de conduite.

S’il y a « philosophie » elle consiste à mieux affronter le réel et prendre en compte l’ensemble des contraintes qui incombe à l’architecte. Ainsi la prise en compte de la forme architecturale va constamment de pair avec les données sociales et économiques du projet.
Le retour sur expérience est donc une contingence importante. Tenter de l’intégrer dans une démarche de projet global en y intégrant un ensemble d’acteurs aux perspectives hétérogènes est l’un de nos défis majeurs.

Comme aime à le raconter Mahmoud Keldi, chaque projet commence toujours par une histoire pour capter ce qui fait la particularité d’un lieu. C’est tout aussi bien le récit d’une rencontre, le prélèvement d’une trace, la révélation d’un indice qui vont permettre à l’équipe de mettre l’accent sur ce qui fait « l’invention du quotidien », le renouvellement perpétuel de l’espace architectural.

L’esthétique des projets est toujours subordonnée en amont à une démarche éthique qui consiste à multiplier les angles de vue et les dispositifs dans lesquels la situation du projet va se déployer : prise en compte des caractéristiques propres à l’environnement physique du site et intégration rapide de la diversité des interlocuteurs que compose la maîtrise d’ouvrage. Pour l’agence, la condition éthique du projet subordonne la condition esthétique afin de garantir une rigueur et une optimisation parfaite, dès le départ de la conception, de la proposition architecturale.

Cette posture pragmatique est une posture militante qui tente de réhabiliter l’action architecturale comme une véritable action citoyenne inscrite dans la dynamique de l’action en milieu urbain.
Pour cela, l’agence n’hésite pas à croiser son savoir-faire et son expérience avec d’autres disciplines pour enrichir son propos et la cohérence des approches liée aux questions d’usages et de pratiques urbaines. C’est notamment le cas de l’expertise sociale dans le champ opérationnel de l’architecture qui se retrouve souvent au cœur de la démarche de l’agence.

Ses récents travaux en dehors des frontières hexagonales, plus particulièrement en Afrique, lui permettent d’interroger constamment sa propre pratique en bousculant les stéréotypes. Se dégageant de toute récupération et de tout enfermement communautariste, les ambitions affichées de l’agence d’exporter son savoir-faire sont l’occasion de mieux se saisir des enjeux mondiaux dans lesquels se situe l’architecture et d’en capter davantage les grandes mutations. L’intérêt porté à l’Afrique n’est pas motivé par un idéalisme romantique ou culturel, mais bien plus par une volonté politique de faire bouger les comportements, souvent sclérosés et naïfs, sur ce continent. C’est en tenant compte de la richesse d’une société extrêmement mobile et en constante transformation que l’agence fonde ses travaux de recherche et ses propositions architecturales.